Bert : Le Marathon de Zermatt était une expérience fantastique ! Les 20 premiers kilomètres de St. Niklaus à Zermatt étaient légèrement inclinés. J’ai pu les parcourir à mon aise. Mais lorsque nous avons quitté Zermatt…
Niels : Nous avons alors attaqué une portion particulièrement abrupte. Quand nous avons quitté le village, nous avons dû courir 7 kilomètres sur une route dont l’inclinaison moyenne était entre 13 et 14 %. De la folie pure.
Pascal : Cette pente n’en finissait pas. Après cela, je ne pouvais pratiquement plus courir. J’ai marché sur de grandes portions du chemin. Mais on pensait que la fin n’arriverait jamais, c’est lourd pour le mental.
Bert : Tout à fait ! Cette portion de 7 kilomètres était particulièrement lourde. Nous y suivions une grande piste de ski. J’ai encore couru sur les 300 premiers mètres de cette pente. Ensuite, j’ai marché. J’étais complètement cassé (rire).
Bert : En effet. Heureusement, nous avons alors atteint un tronçon en légère pente. J’ai à nouveau pu alterner entre la marche et la course. De cette manière, je pouvais récupérer un peu et détendre mes muscles à nouveau.
Pascal : Mais, ensuite, nous sommes retombés sur une pente…
Bert : Oui, c’est juste. Pendant la course, j’ai rencontré une Française qui avait déjà couru 25 marathons de montagne. Elle m’a expliqué qu’à la fin de ce marathon, il y avait encore une « surprise ».
J’étais très curieux de savoir ce qu’était cette surprise. Je pensais que nous allions tomber sur quelque chose d’agréable à la fin. Mais la « surprise » était en fait une pente insurmontable de 3 kilomètres. Juste devant la ligne.
Pascal : C’était très lourd pour le mental. Vraiment impossible de courir dans cette pente.
Niels : Cette pente était en effet très abrupte. Nous souffrions réellement ! C’était un mur. Personne ne courait. Par la suite, je me suis demandé : « J’ai atteint la ligne en 4 h 24. Le gagnant y est parvenu en 2 h 55. Comment aurait-il pu courir sur ce tronçon ? »
Courir dans les montagnes est clairement un sport à part entière. Et ce gagnant court vraiment dans une autre catégorie (rire).
Niels : (rire) En effet. Bert m’avait appelé avant la pente. Il m’a dit qu’il devait encore courir 3 kilomètres. J’ai alors redescendu la pente en courant pour le motiver.
J’avais encore des forces et, dans ce genre de moments, le mental joue un rôle important. J’ai remonté le kilomètre et demi qui nous restait avec Bert.
Bert : Encore merci Niels. J’étais au bout de mes forces mentales et physiques. Cette dernière pente était vraiment insurmontable. Il m’a fallu le temps (rire).
Niels : En fait oui. Je fais beaucoup de sport et je m’étais bien entraîné. Sur le tapis de course notamment. Et j’ai bien dosé ma course parce que je savais que cela demanderait un très long effort.
Je voulais également profiter du paysage et des vues. Nous courrions dans un splendide décor. Je suis très content que tout se soit bien passé et que nous ayons atteint le sommet sans problème.
Pascal : Les montées après Zermatt et juste avant la fin m’ont semblé interminables. C’était vraiment des moments difficiles.
Bert : Cela vaut pour moi également. Aux alentours du kilomètre 25, mes muscles étaient sur le point de se bloquer. Je ne pouvais plus les bouger que difficilement.
Il m’est alors venu à l’esprit que je n’en étais encore qu’à la moitié de la course et qu’il me restait encore un petit 20 kilomètres à parcourir. Ça a été un moment très dur.
Niels : Après le 30ème kilomètre, j’ai vraiment éprouvé des difficultés. C’était après cette forte pente. Mais je n’ai pas eu de véritable moment de faiblesse. Je n’ai jamais pensé que je n’y arriverais pas.
Je n’ai plus vraiment mal aux muscles. Pendant le Marathon de New York ainsi que pendant la période qui a suivi, je me sentais plus mal parce que je m’étais concentré sur mon temps à l’époque. Cette fois-ci je me suis focalisé sur la distance et le parcours. Je voulais tout simplement surmonter l’épreuve. Le temps n’avait pas d’importance.
Pascal : Non, jamais. Je me suis toujours dit : « Je vais atteindre mon objectif. » Il n’y avait pas d’autre option. La course était très lourde sur le plan mental, mais je reprenais toujours des forces.
Bert : À vrai dire, je ne sais pas. Je ne me souviens pas avoir pensé à l’abandon. Je ne pensais pas à ça. Je me préoccupais beaucoup de mon temps. Je ne voulais pas arriver en dehors du temps.
Et je m’inquiétais beaucoup également pour mes muscles. À un moment, j’ai eu peur d’être forcé à abandonner. J’aurais eu du mal à l’accepter. Mais mon mental était fort. C’est bien de toujours pouvoir compter là-dessus.
Bert : Oui (rire). Vous pouvez dire que cela m’a posé « énormément » de problèmes (rire). La plupart du temps, lors d’un marathon classique, je suis à mon aise pendant les 30 premiers kilomètres. Ensuite, cela peut devenir plus difficile.
Mais les pentes étaient gigantesques ici. Il faut absolument un entraînement spécifique pour les affronter. C’est parce que je n’en avais pas que j’ai eu des crampes à un moment, à tel point d’ailleurs que je ne pouvais plus plier mes jambes.
J’ai alors dû me détendre tant sur le plan mental que physique. Dans ce genre de moments, on apprend réellement comment répartir notre énergie pour atteindre notre objectif. On apprend à maintenir le contrôle de ses muscles. Cela demande beaucoup d’énergie et de concentration.
Niels : J’ai tout simplement profité des montagnes et du paysage. Et je me suis également fortement concentré sur la course. Je savais que je devais rester calme. Je n’ai rien forcé.
Quand d’autres coureurs m’ont dépassé, j’ai choisi de ne pas les suivre. J’ai couru à mon propre rythme. J’ai constamment surveillé mon rythme cardiaque. J’ai ainsi passé une excellente course.
Pascal : Quand votre tête et votre cœur vous permettent d’atteindre ce genre d’objectif, c’est fantastique. C’est la force de caractère qui m’a permis d’avancer tout au long du parcours.
Niels : Je me rappelle le public lors de notre passage dans Zermatt et mon arrivée à l’altitude de 2 585 mètres. La vue y était splendide. Et j’étais très content d’avoir bien pu parcourir ce parcours.
Pascal : J’ai vraiment apprécié le moment qui a suivi mon arrivée au sommet de la montagne. J’ai pu prendre une douche pour ensuite aller admirer le paysage. On se sent bien : l’objectif est atteint, le soleil brille et la vue sur le Matterhorn est incroyablement belle.
Bert : J’ai plusieurs beaux moments en tête, mais l’arrivée était vraiment fantastique. On se rend compte à ce moment-là que l’on est debout sur une montagne. Et on se rend alors compte de ce qu’un humain peut faire grâce à son esprit.
Pour moi, cette entreprise me renforce dans la conviction que, si l’on veut réellement quelque chose et que l’on se concentre profondément, on peut souvent aller plus loin que ce qu’on pensait pouvoir faire.
A posteriori, je dois toutefois reconnaître que ce n’était pas forcément une bonne idée de se présenter au départ (pratiquement) sans entraînement (rire). Mais, si on va chercher les ressources au fond de soi, on peut aller loin.
Ensuite, j’ai également profité de la nature. Et des gens rencontrés en chemin. Lors de ce genre de courses, un regard suffit souvent pour savoir que les autres coureurs rencontrent les mêmes difficultés. On ne se sent pas seul.
Pendant la course, j’ai entretenu plusieurs discussions agréables. C’est principalement après la première piste de ski que je commençais à avoir des difficultés. Mon mental était loin. Discuter avec les autres coureurs m’a permis de me remettre dans le rythme. C’est grâce à cela que j’ai pu continuer. C’est grâce à cela que j’ai pu me rapprocher de la ligne d’arrivée, kilomètre après kilomètre.
Bert : Pendant la course, je me suis souvent dit : « Je me donne à fond, mais je ne le referai plus. » À la fin aussi, je me suis dit : « Je suis content de l’avoir fait, mais je ne le referai plus. C’est surhumain… »
Bert : Ouais… Je remettrai le couvert (rire). Mais avec la différence que je me rends compte maintenant qu’il faut vraiment un entraînement pour affronter les montées.
Pascal : Le demi-marathon était une expérience difficile, mais aussi très belle. Le sentiment que l’on ressent au sommet est indescriptible. Je m’en souviendrai toute ma vie.
Ces derniers jours, j’ai déjà des souvenirs qui me reviennent. Je vois des morceaux de la course et l’arrivée. Et le décor. Et Zermatt, le village sans voitures. Cette course a été une superbe expérience.
Pascal : Bien sûr. Le 26 juillet, je participerai peut-être à l’Ardennaise, une course à pied assez difficile de 22,5 kilomètres dans les environs de St. Hubert. Je trouve que c’est une des plus belles régions de Belgique.
Si j’ai repris des forces suffisantes dans les jambes et dans la tête, j’y participerai certainement. Pour l’instant, je vais d’abord me reposer un peu. Ensuite, nous verrons bien.
Niels : Le 3 août, je participerai au demi-triathlon en trio d’Eupen avec mes collègues Tijs Billemon et Dieter Uyttersprot. Dieter nagera 1,9 km, Tijs parcourra 80 km à vélo et je courrai les 21 km. J’ai hâte.
Bert : À la fin septembre, je participerai au Marathon de Berlin. Je ne veux pas arrêter de courir. Et ensuite…
Bert : Quand nous sommes retournés à Zermatt dans le petit train, nous avons rencontré deux Flamands occidentaux et un Anglais. Trois jeunes alpinistes. Nous avons eu une discussion agréable.
Depuis lors, je suis vraiment tenté de faire mes premiers pas dans l’alpinisme. J’ai toujours été intensément attiré par la nature. Et on n’est jamais aussi proche de la nature que lors de ce genre d’expéditions en montagne.
En tant qu’homme, quand on se retrouve dans ce paysage montagneux, on se sent vraiment petit. Tout ce qui nous entoure est beau, mais on peut y faire beaucoup d’erreurs. Si l’on manque de préparation ou si l’on n’interprète pas bien le temps, la nature ne fait qu’une bouchée de nous.
Ces activités extrêmes exercent quand même une certaine attraction sur moi. Au travail aussi, on se heurte souvent à des problèmes ou à des défis. Et, dans ces moments-là, seule votre réaction va définir la réussite ou l’échec de ce qui est en jeu.
J’aime ces défis. Chercher et trouver le contrôle. Au travail comme dans le sport.
Je pense que je vais prendre des informations sur l’alpinisme. À suivre ! (rire)
Messieurs, encore toutes mes félicitations pour vos prestations et merci pour cet interview. Je vous souhaite beaucoup de succès dans vos nouvelles entreprises !
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